Songe d’une nuit d’été       

      Partir sur les traces des pêcheurs d’Islande dans les fjords de l’Est, découvrir l’âme viking à travers les traditions les plus vivaces et s’offrir le grand frisson dans les entrailles d’un volcan éteint… Telles étaient les promesses de notre voyage.

      L’Islande, l’île la plus propre du monde, glacée en hiver, fraîche en été, battue par les vents et la pluie… Des jours sans fin…, des nuits interminables … des moutons à l’ADN inchangé depuis mille ans !

   Après Reykjavik à l’allure moderne, avec ses édifices de couleurs vives, nous partons à la découverte de cette île montagneuse. Tempêtes et ouragans ont déchiqueté la côte en une multitude de fjords étroits, la lave des volcans toujours actifs s’est frayé un passage à travers les hauts plateaux, de puissants glaciers ont creusé des sillons profonds dans cette terre défigurée par des cicatrices géologiques… Nous sommes tout de suite ensorcelés…
Il faut s’arrêter pour voir les chevaux, défiler les nuages, écouter et imaginer le Cercle arctique si proche, le monde invisible des trolls et des elfes, abrité sous les pierres de toutes couleurs, recouvertes de mousse…
L’ascension du volcan se fait pour tous avec plus ou moins de peine. Nous n’avons plus vingt ans.

Nous filons vers le nord. Le ciel et les montagnes changent de couleur en un instant, comme par magie…

   Cap sur Glaungaer : Côtes découpées, cette région rude ne dévoile ses charmes qu’aux amoureux de lieux sauvages… Nous traversons la péninsule des trolls… jouant aux ermites.

     Déguisés en « Pêcheurs d’Islande » (Pierre Loti), nous embarquerons pour découvrir les baleines : une épaisse combinaison, bleue, une énorme capuche devaient nous protéger  des embruns… Nous étions beaux et fixés pour la postérité par les photographes du groupe !

    Après plus d’une heure de navigation, une baleine, invitée d’honneur, a daigné effectuer son ballet, encouragée par les cris d’enthousiasme… Le chocolat chaud et le biscuit, offerts par l’équipage, ont réconforté les barbouillés du mal de mer !!

Entre montagnes et mer, Akureyri, blottie au fond de l’Eyjafjord, bénéficie d’un cadre privilégié : 100 kilomètres la séparent du Cercle polaire… son église ne passe pas inaperçue, ni ses vieilles bâtisses en bois…, est desservie par les bateaux et les autocars !
Etrange et surprenant, dans cette ville au passé viking, nous découvrons dans la grande rue l’œuvre du sculpteur Jonsson représentant un couple célèbre de bandits ayant vécu vingt ans dans les montagnes ! Tout se passe dans cette grande rue piétonne où se concentrent les boutiques. Le front de mer avec ses chalutiers et ses imposants ferries offre un tableau pittoresque. Sur les hauteurs, un superbe jardin botanique réputé nous offre ses 6000 espèces de plants !

   Dans ce paysage à 360°, nous admirons les chutes de Godafoss « Chutes des Dieux ». Dans ce dénuement minéral, l’Islande dévoile sa puissance et ses mystères…

C’est dans ce décor lunaire que nous avançons vers Dettifoss, zone des fumerolles.
Un spectacle à couper le souffle : à raison de 500 m3 d’eau par seconde, la rivière Joqulsa plonge d’une hauteur de 44 mètres… Les embruns sont ressentis à plusieurs kilomètres à la ronde.

  La région Est de l’Islande mérite bien notre passage, une visite hors des circuits touristiques : Egilsstaoir. Les vastes plateaux verdoyants contrastent avec la rigueur dénudée des montagnes en surplomb, découpées et plongeantes…

Et nous voici au fjord Faskrudsfordur où les pêcheurs français vécurent une véritable fièvre de la morue (cf « Pêcheur d’Islande » de Pierre Loti). Dans l’esprit des pêcheurs, l’Islande était surnommée «l ’Île d’enfer», berceuse que les mères bretonnes chantaient aux petits. En 1896, fut construit le musée des pêcheurs où sont reconstituées l’intérieur d’une goélette paimpolaise et la maison du médecin, tandis qu’au centre de la rue du Port, trône le buste de Carl Andreas Tulinius, Consul de France.
A cette époque, les pêcheurs, éreintés, construisirent aussi une chapelle : nous y avons pris place avec Viola, la guide locale, et Dominique a utilisé sa canne pour battre en mesure les chants interprétés par notre chorale.
Quelle joie et quel bonheur !
Sur le port, un panneau indique « Gravelines : 1 828 km ».

Un spectacle grandiose et apaisant nous attendait après une route parsemée de fermes et de hameaux : le glacier de Jakulsarlon. Nous partons en croisière afin d’admirer les icebergs détachés du glacier qui dérivent dans les eaux bleutées. Ce décor peut nous paraître familier : Il a servi de toile de fond au film de James Bond : A view to a kill.
Il nous a été offert un glaçon de 1000 ans à sucer. Avait-il vraiment cet âge ? Les débats sont ouverts…

   La nature ? Un défi !

D’autres splendeurs sont encore à découvrir dans le parc national : Le plus grand glacier d’Europe en toile de fond dominé par une pyramide de neiges éternelles choisie comme point de départ à Jules Verne pour son roman « Voyage au centre de la terre ».

Mousses et lichens prolifèrent sur les terres volcaniques et le paysage s’égaye de fleurs aux couleurs vives.
Après Vik, capitale de la laine, nous découvrons les plages de sable noir aux orgues basaltiques qui nous renvoient la musique des vagues.

Nous admirons les arcs-en-ciel qui enjambent les chutes d’eau de Skogarfoss. Que d’eau, que d’eau ! Et nous nous retrouvons dans l’incontournable « Cercle d’Or » où se nichent les plus belles et les plus surprenantes merveilles : Les chutes de Gulfoss (Chutes d’Or) qui tirent leur nom des arcs-en-ciel qui s’incurvent au-dessus des nuages d’écume… Lieu unique…  Crachant de l’eau bouillante à 20 mètres de haut, le geyser Strokkur est l’une des attractions majeures de l’Islande. Les crépitements des appareils photo se mêlaient aux cris d’émerveillement des spectateurs à chaque éruption : « Oh ! Ah ! ». Certains, surpris, ont même pris leur douche ! Ce geyser s’est réveillé après le tremblement de terre de l’an 2000.

La traversée du Parc national de Bingvellir nous réserve une magnifique surprise : l’Islande chevauche la dorsale médio-atlantique à l’endroit où les plaques eurasienne et nord-américaine se séparent, écartelant l’île au rythme de 2 cm par an.

  Le voyage touche à sa fin : harassés mais terriblement heureux, nous plongeons dans le Blue Lagoon !  La fatigue restera au fond du champ de lave… dans les eaux bleues… Une expérience inoubliable ! L’Islande séduit sans artifice dans une beauté sans fard.

  Et, cerise sur le gâteau : non seulement, nous avons eu beau temps, mais le guide du premier groupe, Antoine, beau gosse, sa casquette à plume sur son opulente chevelure rousse, a su, non seulement nous faire découvrir son pays, mais a coloré ses descriptions d’histoires drôles de trolls et de vikings. Bravo et merci Antoine.   

Suis-je éveillée ou dors-je encore ?

     Joce  Fraix  Burnet

***

Un second groupe ANR33 a eu le plaisir de découvrir cette île aux paysages grandioses.
La météo locale avait la fraicheur de saison, vent et quelques averses pendant que la canicule sévissait à Bordeaux.


Nous avons volontairement juxtaposé les photos des deux circuits, les couleurs bien sûr sont différentes selon la météo du jour de visite!
Notre périple, effectué en sens inverse, nous a fait découvrir les mêmes sites, tout le monde devrait donc y retrouver son voyage.
Les photos nous permettent de revivre tous les moments forts de notre périple.

Nous n’évoquerons que quelques points :
-Magie des couleurs et bien-être pour le corps dans le Blue Lagoon.
-Émotion  lorsque le groupe a posé pour la postérité sur le site du premier parlement, dans la faille entre deux continents.
-Au pied du plus grand glacier d’Europe, nous mesurons en direct les effets du réchauffement climatique. Cette grande lagune où nous naviguons au milieu des icebergs en est la conséquence, en 1930, le glacier arrivait jusqu’à l’océan Atlantique.

-Le souvenir vivace des pêcheurs français qui restaient plusieurs mois dans les fjords de l’est à une époque où les islandais étaient repliés sur eux-mêmes. Au-dessus du fjord, le petit cimetière, parfaitement entretenu, abrite 49 des 5000 marins français ayant péri sur les côtes islandaises.


-A Namaskaro, les magnifiques couleurs allant du gris bleu profond des marmites de boues au soufre avec toutes les nuances imaginables, les jets de vapeurs brûlantes.
-Les chutes d’eau plus larges, plus puissantes, plus hautes, plus belles…
-Près du cercle polaire, le joli petit port d’Husavik nous laisse un meilleur souvenir que la croisière à la recherche des baleines.
-Surprenants feux rouges en forme de cœur, créés pour remonter le moral après la crise de 2008.
-On nous avait annoncé une gastronomie à minima, nos photos l’infirment.

Vardi, notre guide, a eu à cœur de nous faire connaître l’histoire de ce pays depuis l’arrivée, au IXème siècle, des Vikings à la recherche de terres cultivables, jusqu’aux difficultés économiques actuelles. Leur situation insulaire a favorisé le maintien des caractéristiques de leurs origines, langue ou croyance aux elfes et autres trolls…
Afin de mieux connaître les islandais, on peut lire Halldor Laxness a obtenu le prix Nobel de littérature en 1955 avec « Gens Indépendants » roman tragique qui décrit la dure vie des paysans dont beaucoup émigrent aux Etats Unis. Il avait obtenu en 1952 le prix international de la paix.

Un grand MERCI à Joce, qui nous avait encore préparé un voyage exceptionnel dans un pays pour l’instant sauvage et à la nature préservée.

A bientôt sur de nouvelles destinations.

Annie Charlier