Le Pont de Pierre en mars 2015

112 adhérents ont découvert de l’intérieur le plus ancien pont de notre ville, un record, surtout si on précise que l’espace exigu d’une pile du pont limite le groupe à 15 personnes maximum par visite.
Dans un article récent, le journal Sud-ouest disait « voir les dessous du pont de pierre, cela se mérite », je confirme ! Certains ont bravé le vent glacial des bords de Garonne et la pluie des giboulées de mars.
Son histoire :
1808 : Napoléon, en route pour l’Espagne, ne peut faire traverser la ville à son armée et ordonne la construction d’un pont.

Mais l’histoire est longue jusqu’à son ouverture le 1er mai 1822.
Après un premier projet d’un pont en bois de 51 travées, Claude Deschamps prend la direction des travaux en 1812. La chute de Napoléon arrête le projet.
1817, une compagnie de riches négociants apporte les fonds contre un droit de péage de 99 ans.
Le projet de piles en maçonnerie et arches de fonte est abandonné car trop coûteux et en1819, Deschamps propose des arches en pierre et brique, en évidant au maximum la structure et avec 17 arches ; ces économies sauveront le pont en lui donnant une plus grande souplesse grâce aux briquettes.


Enfin, le 1er mai 1822, ouverture à la circulation, mais avec péage qui prend fin en 1861.
1954, élargissement du tablier de 15 à 19 mètres.
1984, pose de nouveaux garde-corps et candélabres de style fin 19ème siècle.
2002, le pont est inscrit au titre des Monuments Historiques.
Voilà pour le visible mais, cet ouvrage est soumis aux contraintes du courant et de la marée qui créent de nombreux tourbillons. Citons encore quelques dates de travaux importants :
1993, renforcement de 4 piles côté rive gauche.
1995, fermeture du pont pendant 3 mois pour renforcer les piles centrales qui s’affaissent.
1996, travaux de stabilisation des talus, mise en place d’une carapace de gabions.
2003, mise en place de la plateforme du tramway et renforcement de 2 piles.
2004, protection des piles centrales 8 et 9 pour le passage des barges de l’Airbus.
2014-2015, projet pour de gros travaux de consolidation et d’étanchéité pour les années à venir.
Ses Caractéristiques :
487m de long, 19m de large, 17 travées comme le nombre de lettres de Napoléon mais c’est le hasard !
Chaque pile s’appuie sur 250 pieux en bois enfoncés dans le fond du fleuve ; mais ces pieux en pin des Landes ou sapins de Scandinavie ne s’enfoncent que dans la vase ou le gravier, voilà pourquoi le pont s’enfonce de 1mm par an sous son propre poids.


Depuis 2003, la surveillance permanente de la structure par des capteurs de déplacement et des inclinomètres révèle que les piles renforcées par des micro-pieux sont stabilisées, les autres sont en danger. Le pont bouge avec la marée, les piles s’inclinent vers l’amont ou l’aval, vers la rive droite ou la rive gauche, la chaussée gondole et cela se voit à l’œil nu, que de surprises  pour nous !!
Nous voici arrivés au point le plus bas, inondé encore en 2014 ; on y trouve une maquette des fonds du fleuve créé par les enrochements, ajouts de gabions, ces cubes de grillage emplis de pierres et pesant 40 tonnes chacun et qui protègent les talus des tourbillons. Le courant et la marée sont tellement forts qu’ils créent d’importants trous d’eau qui se rapprochent des piles et menacent l’ouvrage. Des travaux d’enrochement pour un coût de 11 millions d’euros vont y remédier prochainement.
On peut aussi y admirer la plaque en fonte célébrant le centenaire du pont, si lourde qu’elle ne peut tenir sur la tendre pierre de Bordeaux et encore moins sur les briquettes. On pense la faire revenir à la surface pour les 200 ans du pont, c’est pour bientôt.

Photos Alain Caminade, Alain Andrieu.

Organisation et récit Annie Charlier.