La Fonderie des Cyclopes                                                                                                                                  Novembre 2016

Installée depuis l’an 2000 en Gironde, elle est la seule fonderie d’art d’Aquitaine sur la trentaine existant en France. Ses deux créateurs lorrains ont une formation de fondeurs industriels.
Les nombreux et complexes stades de la création sont abordés pour notre plus grand plaisir.
Les artistes sculpteurs créent leurs œuvres en terre crue, ou cuite ou résine mais ces matières sont trop fragiles pour l’exposition dans les lieux publics par exemple, le bronze assure la pérennité des sculptures.

La première étape est donc l’établissement du devis.
Chaque pièce sera numérotée, toujours signée et portera le poinçon de la fonderie.
Si le modèle est unique il portera le n°1/1.
S’il s’agit d’une série originale (12 exemplaires maximum) 8 porteront les chiffres arabes 1/8, 2/8…..et les 4 autres sont les épreuves d’artistes et portent des chiffres romains I/IV, II/IV, III/IV et IV/IV.
Alors que pour les deux précédents exemples la TVA est de 5%(œuvres artistiques), au-delà de 12 exemplaires la sculpture est considérée comme objet manufacturé dont la TVA est de 20%.

Deux techniques de moulages sont principalement utilisées à la fonderie des Cyclopes, sable ou plâtre.
Nous suivons les étapes de création d’un moule en cire perdue et plâtre.
Le sculpteur confie son modèle en terre ou résine sur lequel on va mouler de l’élastomère silicone choisi pour sa souplesse et sa solidité qui garantit 12 utilisations. On moule l’élastomère sur un côté puis l’autre puis le dessous, le tout est ajusté précisément grâce à des empreintes. Afin de protéger et garder sa souplesse au moule élastomère, il est stratifié de résine qui va se rigidifier. Le moule en résine, en deux parties est assemblé par boulons.
Afin de lui conserver son équilibre, la sculpture est « mise en grappe » : on lui adjoint des tiges et clous mais aussi un entonnoir de coulée.
Le moule prend la direction de l’atelier cire où la température est constante. Une première cire liquide et très chaude est coulée au contact de l’élastomère sur une épaisseur de 2mm ; on estampe puis on referme le moule et on coule une cire plus froide, on remue dans tous les sens pour saisir tous les détails. Le modèle en cire est creux, son épaisseur constante de cire est de 4mm au total, il présente des bavures au jointage qui sont poncées avant présentation à l’artiste.
Quand l’artiste a donné le « bon à tirer », le modèle en cire est placé dans un moule de fonderie, un cylindre qui est ensuite rempli de plâtre ou de sable. Le plâtre est travaillé sous vide pour éviter toute bulle d’air.
L’atelier des Cyclopes réalise ses sculptures en bronze mais alors que traditionnellement celui-ci est un mélange de cuivre et étain, l’atelier travaille un mélange de cuivre et 3% de silicium. Pour réaliser la coulée du bronze, il est chauffé à 1200°. L’atelier procède à cette opération une fois par semaine et coule le bronze liquide dans les moules grâce aux entonnoirs de coulée.

Le moule est placé dans le four pour sa cuisson à 750°, cette température garantit l’évaporation complète de l’eau. Pendant la montée en température, la cire fond vers 120° et s’écoule du moule (d’où le nom de « cire perdue »). La durée du maintien à 750° dépend de la taille de l’œuvre et peut aller de 10 à 60 heures ! Refroidissement jusqu’à 300°.
On casse le plâtre et on obtient alors le « brut de fonderie » dont la couleur est grise car le bronze est oxydé par l’air. On procède à l’ébarbage de l’entonnoir, des tiges. La sculpture prend la direction de l’atelier finitions pour le nettoyage des ciselures et sa protection par la patine.
Afin que l’œuvre garde de façon constante un bel aspect on réalise une oxydation par produits chimiques à température entre 60° et 80°, au moyen d’un chalumeau dans une main et d’un pinceau applicateur de produit dans l’autre. La couleur dépend du produit employé. Lorsque la couleur demandée est obtenue, généralement en présence de l’artiste, on arrose pour refroidir puis on applique de la cire liquide qui est ensuite lustrée.

Lorsque la série de pièces commandée est terminée, le moule en élastomère silicone est détruit en présence de l’artiste si une autre série n’est pas prévue.

Toutes ces actions sont bien sûr réalisées à la main et nous ne pouvons dire que Bravo les Artistes, car il faut avoir une fibre artistique développée  alliée à une bonne formation en fonderie pour réaliser ces œuvres.

Photos Alain Caminade.
Organisation et récit Annie Charlier.