La Corse, île de Beauté                                                               septembre 2011
Callixte dit : « que la lumière soit…la lumière fut…et la Corse apparut ». Ce matin de septembre à 7h30 les îles Sanguinaires émergent dans la brume et le soleil levant tout en douceur et miroitement, puis la montagne surgit en pleine mer, le granit rouge et la verdure se disputent le paysage et le maquis impénétrable. La Corse, une émeraude déposée à la surface de l’eau.Ajaccio : nous sommes les bienvenus. Accueillis par Guy, notre chauffeur accompagnateur, un peu bourru à cette heure, il se révélera au fil des jours être un homme cultivé  qui nous a fait découvrir cette Corse qu’il connaît parfaitement dans ses moindres recoins, plein d’humour, d’une grande bonté et gentleman, ce qui n’a pas déplu aux dames !
Après un tour d’orientation dans la ville, nous poussons notre découverte jusqu’à la pointe de Parata dont le nom serait dû à une légende : des pirates barbares y auraient fait naufrage et c’est pourquoi la nuit de Noël on entendrait leurs cloches ! L’archipel des Sanguinaires veille sur l’entrée du golfe d’Ajaccio et saviez-vous que sur l’un des quatre îlots a été érigée une des six bornes au monde dites « de la Terre Sacrée ». Elle commémore le sacrifice des Corses venus défendre la métropole au cours de la première guerre mondiale.
Nous longeons cette côte somptueuse, sauvage où tout n’est que forêts de châtaigniers et chênes-liège, ruisseaux, pics vertigineux, cascades, les aiguilles de Bavella se dressent à plus de 2000 m.
Arrivée à Porto-Vecchio, citée du sel, bien à l’abri dans son golfe, qui ressemble à la palette de l’artiste en plein délire : un camaïeu invraisemblable de bleus pare la mer, tandis que les pinèdes laricio opposent leur vert lumineux à l’ocre rouge des rochers.

Ah Bonifacio ! Ce site de l’extrême sud mérite les superlatifs les plus élogieux : perché au bord d’une impressionnante falaise, ses maisons semblent défier les lois de l’équilibre. une promenade en mer nous fait découvrir les grottes marines, le panorama sublime de la Citadelle, du Bonnet Marin, les côtes de Sardaigne, l’escalier du roi d »Aragon, tout cela donne le tournis. Dans la haute ville, après la visite du cimetière marin, nous recherchons un peu de fraicheur dans les ruelles étroites en pente ou en escalier pour atteindre la Marine où boutiques, glaciers, cafés nous proposent de goûter aux délicieuses spécialités corses.

Nous rejoignons Corte, ville de tous les symboles, nouvelle excursion à l’intérieur de l’île. Bâtie au 11ème siècle, elle devient au 18ème la capitale incontestée de la Corse indépendante. Guy nous explique comment Pascal Paoli a donné le droit de vote aux femmes, frappé la monnaie, élaboré une constitution qui fit l’admiration de Voltaire et de Rousseau avant d’être battu par Bonaparte. Nous accédons à la citadelle par un petit train et arpentons les places historiques du centre qui témoignent du passé.   Pour atteindre Porto, nous franchissons le col de Vergio, le défilé de la Scala Santa Regina, traversons les gorges de Spelunco et là, Guy nos fait une démonstration de ce que peut être le pire de la conduite d’un car ! Un virtuose, au millimètre près, à gauche, à droite, en haut, dans le vide….nous l’encourageons, les onomatopées fusent de crainte puis de soulagement.
 

Nous voici déjà à Piana qui surplombe la mer, son panorama est l’un des plus beaux du monde, comment ne pas avoir le vertige ! Les roches sont tant modelées, ciselées, déchiquetées, émiettées que nous nous amusons à retrouver des silhouettes d’animaux, des objets, des symboles figés pour l’éternité. Nous sommes là, bouche-bée, stupéfaits, émerveillés.   Notre rêve continue. Porto, sa tour génoise carrée, vue sur le golfe de Girolata au coeur de la réserve naturelle de Scandola : c’est la vision d’une nature dans toute son authenticité.   Une halte au domaine « Rochebelle » nous fait reprendre contact avec le quotidien : nous dégustons des vins et produits régionaux, certains se laissent tenter.   Il paraît que Christophe Colomb serait né à Calvi, en tout cas sa maison est belle et bien visible ! Mais ce n’est pas la seule curiosité : Nelson y a, paraît-il, perdu son oeil !   Notre périple se poursuit par la traversée de vieux villages de Balagne posés en belvédère sur des pitons rocheux ou cachés dans le verger de la Corse, où l’huile d’olive et les tapenades forgent leur réputation. Le soir venu, les plus courageux regagnent à pied le port de l’Ile Rousse pour un dernier pot parmi les joueurs de pétanque qui s’entraînent très tard pour le concours du lendemain.

s accueille : accroché au sommet d’une falaise escarpée vertigineuse de plus de 100m, Nonza et sa tour paoline qui veille…. Le soir, nous avons essayé d’accompagner les chanteurs corses aux voix basses et chaudes et avons esquissé quelques pas de danse.   Le lendemain nous parvenons à Bastia à la riche histoire, et rivale d’Ajaccio. Une promenade agréable via la place St Nicolas, la rue Napoléon.
Le fameux soleil ne nous quitte pas et nous accompag
ne.
Pendant la traversée du désert des Agriates, Guy nous parle longuement de la vie des bergers, de la transhumance. Ce n’est pas le Sahara…. quasiment aucune habitation…. des rochers…. du maquis…. quelques caprins !
Nous sommes prêts à parcourir la bande de terre qui, sur une courte distance, sépare la mer Tyrrhénienne de la Méditerranée, pour atteindre Bastia. Changement radical de décor, sur l’immense éperon rocheux du cap Corse se dresse la tour d’Agnellu, superbe tour génoise.   Le village le plus insolite noune pour la dernière étape, Ajaccio.   Nous voici en un lieu où l’histoire nous côtoie à chaque instant, à chaque carrefour, à chaque enjambée : la vieille ville, son précieux musée Fesch, ses ports de pêche et de plaisance, le cours Napoléon et son musée.

Notre guide chaleureux nous raconte la Corse, nous raconte sa Corse, nous raconte les Corses. Nous écoutons… Il faudra y revenir

   La Corse fut successivement aux mains de Rome, des Vandales, des Maures, de Byzance, de Pise, de Gênes, avant de devenir française il y a deux siècles. Elle fut convoitée par les plus grandes puissances de la Méditerranée qui y laissent un riche patrimoine architectural, religieux, militaire, urbain.

   L’identité corse, c’est une langue régionale, une culture forte qui a traversé les âges, et derrière une distance de façade, une hospitalité toute méditerranéenne.
Jocelyne Fraix-Burnet