Pays Bas avril 2015

Départ dès potron-minet pour Amsterdam où nous arrivons dans l’aéroport le plus bas du monde, à 4.5 mètres sous le niveau de la mer.
En effet, la grande digue du nord a coupé en deux la mer ; la mer du sud est peu à peu devenue eau douce grâce au déversement de nombreux fleuves. Le lac ainsi créé a été asséché au milieu du 19ème siècle pour créer plus de surface au sol, 40% du pays sont des polders. De nombreux moulins pompent l’eau afin de garder les terres utilisables.
Les néerlandais sont très grands, sauf notre guide Jenny qui a quitté son Pérou natal, pour s’installer à Amsterdam ; elle n’a cessé de nous enchanter par ses connaissances, son sourire et sa disponibilité, une grande professionnelle!

Amsterdam a obtenu le statut de ville en 1275 bien que son peuplement ait commencé vers 1100. Du 15ème au 19ème siècle les maisons étaient construites sur pilotis de bois, puis sur pilotis de béton à partir de 1900. Il ne reste que deux maisons de bois du 16ème siècle, les incendies en ont beaucoup détruit. Les pilotis s’appuient bien souvent sur un sol instable et beaucoup d’immeubles penchent d’un côté ou de l’autre. De plus, le manque de surface oblige à une construction en hauteur avec des façades étroites. On ne peut passer les meubles par les escaliers étroits et raides, chaque maison est équipée d’un crochet au pignon de la façade penchée vers l’avant pour déménager sans abimer les murs.
A la fin de la seconde guerre mondiale, le problème du logement était crucial, on a donc autorisé le logement sur péniche ; Amsterdam en compte aujourd’hui 2500, habitées par des « bobos » car les loyers y sont élevés.
Dès notre premier tour de ville nous assistons au lever d’un pont pour permettre le passage d’un bateau.

A l’origine, Amsterdam est un village de pêcheurs, où les habitants et les prêtres, construisent des digues pour se protéger des inondations. Son essor économique commence au 15ème siècle.
Les Pays Bas, propriété des comtes de Hollande, reviennent par le jeu des alliances, aux Habsbourg ; Maximilien d’Autriche leur permet d’ajouter la couronne impériale aux armes de la ville d’Amsterdam pour les remercier de leur soutien. Premier port et place commerciale de premier plan, sa prospérité se poursuit sous Charles Quint mais les guerres de religion éclatent avec son successeur le très catholique Philippe II d’Espagne. La guerre contre l’Espagne dure 80 ans ; Guillaume d’Orange a pris la tête des protestants. Quelques années plus tard, naissance de la République.
A partir de 1585, une importante immigration juive vient peupler la ville et développe la taille du diamant ; au 17ème siècle, on les autorise à construire une synagogue.
Beaucoup d’églises construites par les catholiques sont devenues protestantes après la réforme ; certaines sont devenues à nouveau catholiques avec l’arrivée au pouvoir des français (Louis Bonaparte roi de Hollande jusqu’en 1813).
Visite du marché aux fleurs flottant sur le fleuve, près de la tour de l’horloge.
Visite du quartier Begijnhof où habitaient les béguines, femmes pieuses mais non engagées par des vœux ; aujourd’hui, leurs logements sont loués encore à des femmes. On y trouve la plus ancienne maison de bois de la ville(1528).
Le musée Rijksmuseum surprend par sa forme, ses vitraux représentant de grands peintres, architectes et autres artistes mais le rendant semblable à une église. Il abrite de nombreux chefs d’œuvre des maîtres flamands du 17ème siècle dont la célèbre « Ronde de nuit » de Rembrandt pour laquelle il fut construit.
Qui dit Amsterdam, dit canaux, nous sillonnons donc la ville en bateau pour admirer les hautes façades des immeubles, l’opéra, le Némo musée en forme de bateau vert moderne, les péniches d’habitation ou de transport, le Pont Maigre…
La maison où vécut Rembrandt est modeste, étroite et haute ; ses beaux ateliers sont éclairés de la lumière du nord mais les escaliers raides sont peu charitables pour nos genoux fatigués.


Mais il manque à ce récit le plus important : les vélos qui déboulent à toute vitesse et s’estiment prioritaires même sur les passages cloutés alors ne parlons pas des pistes cyclables mal signalées à nos yeux de touristes mais qui devons prendre garde à gauche, à droite, devant, derrière, bref un peu un cauchemar pour beaucoup. Moyen de transport adopté par les enfants, les jeunes, les cadres en costume, les mères et pères de famille emmenant leurs enfants à l’école dans des remorques spécialement conçues ou sur des vélos équipés de selles et sièges multiples. Amsterdam compte plus de vélos que d’habitants, ce qui pose le problème des garages trop peu nombreux dans une ville où l’espace est très mesuré ; on pense créer des parkings flottants.

Ambiance différente dans la campagne verdoyante sillonnée de canaux, étendues plates des polders où rien n’arrête le vent sinon les ailes des moulins. Petit rappel, le pays comptait 10 000 moulins au 18ème siècle.
Authentiques villages de Marken et Monnickendam qui gardent de belles maisons aux couleurs vives. Les moulins fonctionnent et la saboterie aussi dans la Redoute Zanoise, village reconstitué.
Le tramway à vapeur a joué un rôle important pour le développement du pays de 1879 à 1966 ; nous voyageons à bord d’un musée roulant dont le personnel porte les costumes traditionnels d’époque.
La traversée du lac d’Ijssel vers les anciens ports de pêche du nord a paru trop brève à certains qui ont fait escale plus loin et testé la navette avec un peu de stress.
Le village musée d’Enkhuizen évoque la vie quotidienne dans les ports : fumeries de poisson, école, travail de l’osier, fabrique de voiles…mais aussi pharmacie aux emblèmes surprenants, têtes aux bouches ouvertes ou tirant la langue.

Le parc extraordinaire du Keukenhof est ouvert seulement 2 mois par an du 20 mars au 17 mai ; pendant les 10 autres mois les architectes paysagers et les 31 jardiniers, dont une femme, travaillent à créer un nouveau décor chaque année. En 2015, le thème choisi est Van Gogh, malheureusement les bulbes ne sont pas encore fleuris en plein champs ni pour la tête du peintre lors de la venue de l’ANR.

Heureusement les pavillons abritent des milliers de tulipes, jonquilles, narcisses, jacinthes, amaryllis, orchidées… nos yeux ne savent plus où se poser. Vraiment, les 7 millions de bulbes, dont 1500 variétés de tulipes utilisés chaque année sont mis en scène de façon magnifique.
Ce jardin fut créé au 16ème siècle pour des herbes aromatiques utiles en cuisine (keuken = cuisine et off = jardin).

On nous conte également l’histoire du premier krach boursier au monde, connu sous le nom de tulipomania.
La tulipe, originaire de Turquie a été offerte à un néerlandais au 17ème siècle ; elle a tout de suite été très demandée par les riches et sa cote est devenue folle. De 1634 à 1637, 6 oignons de tulipes valaient plus qu’un immeuble. En 1637, un bulbe de Semper Augustus équivalait à 67000 € de nos jours, sa rareté venant des stries rouge et blanches, en fait une maladie du bulbe !
La découverte des secrets de sa reproduction a provoqué la ruine des spéculateurs et autres possesseurs qui s’étaient endettés pour les acquérir.
L’autre grande spécialité connue est le célèbre gouda qui porte le nom de la ville où il est produit. Nous assistons au marché à la vente à l’encan, où producteurs et grossistes débattent du prix avec acharnement, face à la maison du poids public. Le fromage est proposé au poivre, au cumin, à la tomate, à la truffe, au basilic, fumé…..il peut être au lait de vache, de brebis ou encore de bufflonne.

La ville de Gouda possède aussi une grande église, longue de 123m, ornée de 76 immenses vitraux du 16ème siècle ; pendant la guerre ils ont été démontés et mis à l’abri des bombardements. Son orgue de 3856 tuyaux est le plus beau du pays. Un carillon créé au 17ème siècle par les frères lorrains Hémony, est agrémenté de petits personnages et s’anime toutes les 15 minutes.

Nous mangeons en haut de la tour Euromast qui domine le grand port de Rotterdam, ville où 170 nationalités se côtoient. Nous assistons au défilé incessant de péniches et bateaux de toutes tailles ; l’ascenseur panoramique jusqu’au sommet de la tour permet d’admirer l’élégante silhouette du pont Erasmus et la ville entière.

La Faïencerie Royale de Delft produit ses célèbres céramiques bleues depuis le 17ème siècle. Les décors peints à la main sont gris et ne prennent leur fameuse couleur que lors de la cuisson à une température très précise. Toutes les pièces crées pour la famille royale ont une marque orange distinctive.

La capitale administrative, La Haye est une ville moderne aux larges artères et nombreux espaces verts. On y admire le tribunal international de la Paix où brûle la flamme de la paix dans le monde. Les flammes des 5 continents ont été utilisées pour créer cette flamme unique.


Le Parlement abrite 150 députés élus au suffrage universel et 75 sénateurs élus par les représentants des régions, pour 16 millions d’habitants.
Dans la cour, nous assistons à l’arrivée de plusieurs ministres interrogés par un groupe de journalistes, mais qui nous saluent simplement.
Quelques autres données peuvent nous aider à mieux connaître les néerlandais :
*l’école est obligatoire de 5 à 16 ans, les livres restent à l’école ; toutes les écoles sont publiques, les enfants y tutoient les enseignants
*il n’existe pas de clinique privée, la reine a accouché de ses enfants dans un hôpital public.
*les autoroutes sont gratuites.
*le secteur de l’agro-agriculture produit 38% du PIB mais n’emploie que 4% des travailleurs, l’informatique et les robots, eux, ont une place importante.
*le taux actuel du chômage est de 7%.
*l’âge de la retraite est 67 ans, le minimum vieillesse est de 765€ par mois.
*le néerlandais est attaché à la liberté de penser ; le pays compte 42% d’athées.

Petite halte dans la  Galerie des passages, couverte de belles et hautes verrières avant de gagner l’aéroport à 4.5m sous le niveau de la mer…comme à l’arrivée.
Belle semaine sous le soleil dans un bien agréable pays.

Récit Annie Charlier